Retour à la bibiographie THÉÂTRE |
La Cave, jouée au théâtre du Pré aux Sources en février 1990 Madame Lazare, joué au théâtre de Hondelange et au Théâtre de Braine-le-Comte Le pays des Murmures, joué par la troupe "Pour le Plaisir" à Bruxelles, 2006. Le Café du Commerce |
LA CAVE |
Un homme dans une cave. Comme on pourrait dire : un homme à la mer ! Seul avec l'immensité déchaînée des éléments hurlants. On apprend que cet homme a (ou avait) une vie sociale, un bureau de fonctionnaire, une mère, une femme, une fille. Dans les nuits de la cave, elles sont les éléments déchaînés qui hurlent leurs exigences, frustrations et souvenirs. Leurs formes mouvantes se sculptent en bas-relief sur la toile qui fait mur. Ce sont les Erynnies de la nuit. Elles font partie de la « meute », cette société en fausses valeurs immobiles et compassées dont Jacques Fréat, l'homme à la cave, ne peut et ne veut faire partie. Il se sent différent. Ce qui veut dire, c'est vivre, aimer, en un mot : exister. Il le fait avec Marie. Existe-t-elle ? Ses longs cheveux, sa jupe sur un porte-manteau sont l'image de la femme-mythe. DIALOGUE DE SOURDS. La différence de Jacques est-elle folie ? Pourquoi a-t-il gardé de l'enfance ce besoin de regarder la vie par en dessous des jupes, dans sa chaleur première ? « D'en bas, les choses et les gens sont plus tendres, meilleurs ». Avec le psychiatre comme avec le restant de la société, il engagera un dialogue de sourd. « C'est une histoire de mots qui tournent mal. Il eut fallu se taire et je n'ai pu faire autrement que parler ». Voilà bien Michel Joiret, critique, poète au message anticonformiste, dont le dernier recueil a pour titre « Une horloge à la mer » et le dernier roman « La différence ». C'est de ce roman que Joiret a tiré sa première pièce. Alain Miniot qui, par ailleurs, a signé des spectacles de Ritsos, Nanou, Galée, Pascal Vrebos, a, dans sa mise en scène, donné vie. Coulur, éclat, à un texte intéressant et difficile, qui devrait être élagué pour gagner en présence et en intensité. TOUR DE FORCE. Francis Dony, qu'on a vu souvent à Liège au Théâtre du Nouveau Gymnase, de la Place, de l'Ancre, de l'Etuve et avec la Compagnie Ensemble Identité 21, accomplit un tour de force en donnant vie à des situations sans cesse en rupture de tons. Visible, ou invisible, et dansante, Nadine Malengreaux assume, dans leurs nuances, tous les. rôles de femmes. Quant à Patrick Lange, comédien, musicien, compositeur, il ne quitte sa table de musique sérielle que pour devenir le toubib déshumanisé dont le seul souci est le tiroir-caisse. Ceci dans un décor, triste à souhait, de Philippe Penneman. Cette première pièce de Michel Joiret a quelque chose d'important à dire. Mais trop de mot empêchent d'entendre. Luc NORIN. La Libre Belgique |
MADAME LAZARE |
Amélie vient de "passer"... Mais est-elle morte réellement ? Tandis que toute la maison s'efforce de prendre les dispositions nécessaires pour son enterrement, un noeud de relations nouvelles et imprévisibles va troubler l'ordre bourgeois de la famille. Le prêtre, le médecin de famille, l'ordonnateur des pompes funèbres et le notaire suffiront-ils pour légitimmer une mort bien suspecte ? Kaié-Kaié. la vieille folle "d'en haut", elle, ne va pas éclaircir une situation déjà bien embrouillée ! |
LE PAYS DES MURMURES |
EXTRAIT Acte I, scène 1 Living , terrasse. Alignement de fleurs et de plantes . . Un air de « L’Auberge du Cheval blanc ». Maximilien Fauvet, vêtu d’une robe de chambre et coiffé d’un bonnet à pompons arrose son jardin d’appartement et se dandine en chantant l’air de Célestin : On a l’béguin, on a l’béguin pour mes chaussettes, On a l’béguin, on a l’béguin pour mon maintien. Un coucou en bois sort de sa cage. Neuf heures. Dehors, il neige et les flocons lèchent le carreau de la fenêtre. Tout en traversant la pièce, « armé » de son arrosoir, Maximilien passe à la valse de « l’Auberge » en serrant contre lui l’ustensile de jardin. La porte s’ouvre sur une femme en tablier blanc, croix rouge, serrée dans un grand manteau de laine au col dressé. Elle port une trousse de soins et cherche visiblement à retrouver son souffle. - Allons ! Allons, nous sommes bien agité ce matin ! En voilà des manières ! Maximilien : - C’est que NOUS avons décidé de passer une journée agréable, sans les pisse-froid qui dégouttent sur le tapis et vous baissent le froc au petit matin. (Emilienne Kortenzak, l’infirmière, lève les yeux au ciel et extrait une seringue de sa mallette.) - Nous avons mal dormi, il me semble. Avons-nous pris notre valium ce matin ?. Maximilien : - Nous seulement, nous l’avons pris, mais nous l’avons immédiatement expédié dans la cuvette des toilettes. Emilienne : - Monsieur Maximilien, nous ne sommes pas raisonnable ! Maximilien : - La folie, il n’y a qu’elle, NOTRE chère Emilienne. C’est elle qui fait que la citrouille qui vous sert d’arrière-train ne se changera jamais en carrosse. Il y a un proverbe bulgare qui dit : « Raison n’est jeune que si folie est vieille ». |
LE CAFÉ DU COMMERCE |
EXTRAIT Un nouveau grondement, un roulement singulier, la lumière a baissé. Les clients et le patron se figent. Horodateur apparaît avec sa brouette. Il a de longs cheveux blancs, une tunique de même couleur, des sandales, Il ronchonne en tirant son chargement – un arsenal de réveils, de montres, d’horloges, de calendriers, d’almanachs. Fourbu, il s’arrête et effectue quelques mouvements d’assouplissement comiques. Ensuite, il se gratte vigoureusement le fessier. Horodateur : - Mais qu’est-ce que je traîne comme bestioles ! Si je pouvais les éliminer comme les humains, j’en serais bien soulagé ! Bon sang de bon dieu, saleté de vermine qui nous bouffent de la cervelle au croupion ! Allos allons, où suis-je tombé ? Brrr ! il fait froid dans cette auberge ! Ah oui ! c’est l’hiver… Et je suis au Café du Commerce ! Voyons voyons…. Le café des Pêcheurs, le café des deux Frères, le café des Vidangeurs – Mmmm prometteur ! – le café des Mignonnes – Il faudrait que je le fréquente plus souvent, celui-là ! -, le café de la Poste… Ah oui, le café du Commerce, nous y sommes ! Au boulot ! Clap ! On tourne… |