Tueur-jonquilles
Éditions Dricot
ISBN 978-2-87095-350-1
180 pages


Michel-02
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LE TUEUR DE JONQUILLES



ARGUMENT

Pourquoi le commissaire Saint-Loup boude-t-il un succès que nul ne conteste? Si la redoutable filière qu'il vient de démanteler a mobilisé toute son énergie, il ne peut s'empêcher de penser à l'exceptionnelle personnalité du tueur... La motivation lui échappe et la relation entre les différents crimes lui apparaît incohérente. Il faut être malade (ou désespéré) pour exécuter sauvagement des jeunes gens promis à un bel avenir. Théo rumine de sombres pensées et sa victoire à la Pyrrhus conforte sa perplexité.
Et puis il y a ce dingue qui fauche stupidement des jonquilles dans un jardin public...


EXTRAIT


Jacqueline Pernelle met l’index à la tempe de manière significative.

Les Crayon qui occupent le premier étage sont habitués à ses sautes d’humeur mais ce matin-là, la concierge des Marronniers est habitée par la fureur. Il suffit de suivre la couperose de son visage en ébullition pour apprécier son état d’excitation. Henry Crayon, un homme paisible, retraité de l’Administration des Postes, détaille le mouvement du visage comme le flanc d’un volcan lézardé par les langues de feu. Les lèvres de la pipelette crachent des paroles assassines qui pètent comme des châtaignes sur la grille d’un brasero :

     - Faut vraiment être givré pour commettre un acte aussi répugnant !

     - Mais que vous arrive-t-il, ma chère Jacqueline, et de qui parlez-vous?

Jeanne Crayon, une petite dame à la coiffure rehaussée d’un curieux chignon gris traversé par une épingle observe Madame Pernelle, habillée de son sempiternel tablier bleu, qui pointe un doigt accusateur vers le massif de jonquilles au centre du square Marie-Louise à Bruxelles.

     - Là,  là, regardez ce qu’ « ils » ont osé faire !

Les deux locataires s’avancent sur le trottoir pour mieux fixer le parterre qui garnit le cœur du petit parc.  Le cercle des  fleurs printanières y a été proprement investi et les jonquilles « exécutées » !  Comment dire cet état de désolation qui sape le moral au premier regard ?  Il ne reste rien de ce jardin d’avril qui invite à la promenade et à la rêverie.  Les quatre bancs où viennent s’asseoir les habitants du square s’érigent comme les sentinelles d’une imprévisible désolation.  Les jonquilles qui ont été sectionnées à la base et piétinées rageusement ne sont plus qu’un champ de bataille après l’affrontement, un amas de déchets…

     - C’est un acte gratuit, soupire Henry !

     - Tout à fait inexplicable, renchérit Jeanne.

     - Je vous le dis, et ce n’est pas d’hier que ma conviction est faite, siffle Jacqueline,  « ils » dépassent les bornes !

     - Avez-vous des soupçons ?

Jeanne se pince les lèvres. Henry vient d’ouvrir distraitement le couvercle d’une logorrhée vertigineuse…  La concierge avait posé son balai à l’angle du porche d’entrée comme pour signifier que la réponse allait prendre le large…




CE QU'ILS EN ONT DIT


Est-ce le changement de siècle qui a amené Michel Joiret à changer de genre ? En 2000, l'écrivain quinquagénaire signe son premier roman policier, L'heure de fourche (Le Pré aux Sources), dans lequel il donne naissance à un attachant commissaire bruxellois, Théodore Saint-Loup (fumeur de pipe enragé et amateur éclairé du tabac de la Semois, comme son créateur !). Ce grand patron des « flics de la rue du Marché-au-Charbon » est le plus souvent assisté par deux adjoints aussi semblablement attachés à leur chef que dissemblables : Justin Van Gaal, « collaborateur consciencieux, solide, soucieux de l'orthodoxie administrative », et Julien Roos, « au physique de maquereau ».
Dans Le tueur de jonquilles, on retrouve avec plaisir le commissaire Saint-Loup reniflant, entre deux bouffées de pipe, les traces d'un assassin doté du sens du spectacle : n'a-t-il pas abattu d'une seule balle, dans un célèbre stade bruxellois bourré de supporters, un joueur en plein match ? Heureusement qu'il peut aussi compter sur l'aide de Justin et Julien, les deux inspecteurs frères ennemis, et sur les soins (parfois plus moraux que physiques !) de sa tendre amie Thérèse, une toubib voyageuse et libérée, et de la belle Rim, une jeune courtisane marocaine à la clientèle toujours trop envahissante...

Christian Libens

Le Carnet et les Instants